Ces derniers jours, il y a eu beaucoup d'heures passées à trois, comme avant.
presque comme avant.
Marcher super lentement dans le centre commercial, ralentir tous les passants, faire comme si de rien n'était.
S'asseoir dans ce quick glauque, parler beaucoup plus que prévu. Parler de pleins de choses. On a commencé par le goût des frites, l'eau qu'ils rajoutaient dans le concentré de coca ; on est passés par la politique, la voix est montée et s'est mêlée à des rires. Après, comme d'habitude, on a passé en revu tout ce qu'on avait mangé dans la journée, chacune notre tour ( deux yop à la fraise, un doo-wap, un jambon beurre, des raisins). On a conclu que “décidément, on mange toujours n'importe comment", et qu'il était temps de fumer une clope.
Et le Quick, presque vide, nous a soudain semblé presque beau, avec cette lumière des premières soirées d'été, mélangée aux souvenirs. Aux silences puis aux mots qui soudain, font sourire. aux chansons douces qui passaient à la radio.
et l'homme avec sa chemise rayée rouge, et sa balayette bleue marine assortie, nous a demandé de sortir.
Attendre le bus, le troisième de la journée. chanter à tue-tête des tubes des années 90, parce que ça fait plaisir et parce qu'on s'en fout du reste. boire la fin de la bouteille de vin, un millésime, volé dans la cave de son père, comme des gamines. rire de rien, pour rien, juste pour rire, comme des gamines.
sortir du bus et marcher à la lumière des lampadaires jaunes, avoir l'impression d'un rêve. se concentrer, pour avoir ce souvenir gravé dans la mémoire, à jamais.
Traverser tout créteil pour revenir à la maison. parce que cet anniversaire, c'était vraiment nul, et parce qu'on avait envie de boire du thé. et de miel. on avait pas besoin d'eux, tout simplement.
et on a parlé en chuchotant, parce qu'elle avait la voix cassée. chuchoter dans cette baraque vide, se rappeler des histoires qui nous faisaient peur, quand on était gamines. La dame blanche. L'homme au chien.
Chuchoter jusqu'elles s'endorment, sur le canapé du salon.
moi, j'ai gardé les yeux ouverts, je les ai regardé, un peu. J. qui respirait très fort, comme toujours, sa poitrine qui se soulevait en un lent rythme. et I, qui n'arretait pas de bouger, de remettre son coussin en place, encore et encore. comme quand elle était gamine.
Et puis enfin, à mon tour, j'ai cédé au marchand de sable.
Comme une gamine.
Tu sais. Des fois, je passe ici. Et j'aime. Les gouttes...